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Souffrant de TOC pendant 20 ans, il invente une application pour aider les malades

15 février 2021 - Nos startups

Source : 76Actu

Pendant 20 ans, Mickaël Bequet, un entrepreneur de Rouen (Seine-Maritime) a subi des Troubles obsessionnels compulsifs (TOC). À 39 ans, grâce une thérapie comportementale et cognitive (TCC) qui a duré deux ans, Mickaël Bequet assure qu’il est aujourd’hui guéri.

« Grâce à cette thérapie, j’ai affronté mes peurs avec des exercices progressifs. Cela a vraiment marché. Mais entre chaque rendez-vous avec mon psy, où il me donnait des exercices à faire chez moi, je me sentais seul. Surtout quand je devais m’exposer à mes phobies. Après ma guérison, j’ai donc créé une application pour garder le lien avec son thérapeute entre chaque rendez-vous : AppTCC. »

Une application pour être moins isolé pendant la thérapie

Créée en 2018, l’application est testée en janvier 2021 par plus de 100 psychologues et leurs patients. « Je voudrais révolutionner le monde de la TCC pour que l’on puisse accompagner le patient au quotidien dans cette thérapie, dont la base est l’exposition à la phobie. Cette thérapie, ce n’est pas seulement pour les TOC, mais aussi pour la dépression, l’anorexie mentale, la boulimie, la schizophrénie, les troubles bipolaires… »

Avec cette application, le psychologue ou psychiatre qui mène la thérapie comportementale et cognitive peut interagir quotidiennement avec son patient. « Les rendez-vous sont espacés de deux semaines à un mois en général, selon la bourse des patients. Selon mon vécu, je pense qu’il faut pouvoir discuter entre deux, évaluer les exercices qu’on nous donne à faire, et surtout ne pas se sentir seul comme j’ai pu le ressentir », affirme cet ancien malade.

 

« Je n’ai pas mangé de légumes pendant dix ans »

Mickaël Bequet avait un gros problème avec la perte de contrôle, « c’était ma phobie ».

Je mettais en place des manies complètement irrationnelles pour me rassurer. Je comptais tout le temps dans ma tête quand je m’habillais, je mettais très longtemps à monter dans ma voiture, car j’avais des rituels, j’ai arrêté de manger des légumes pendant dix ans, car j’avais fait des associations d’idées dans ma tête et je me disais que c’était dangereux pour moi, je ne pouvais pas prendre les transports en commun… J’ai développé de très nombreux TOC.

Mickaël Bequet
Le seul endroit où Mickaël Bequet se sentait bien, c’était au travail. Entrepreneur dans l’âme, il a créé plusieurs entreprises, dont la société Cours pasteur pour accompagner les étudiants dans leur préparation au concours de médecine. « J’arrivais à gérer au travail. Mais dès que je rentrais chez moi, les TOC revenaient. J’ai commencé à les développer quand j’avais 17 ans. J’ai vécu des relations familiales compliquées et je suis tombé dans la fête. J’ai fait une crise d’angoisse après une soirée et ça a duré 20 ans… »

« Je ne pouvais pas rester plus de trois minutes avec mon fils »

C’est à la naissance de son premier enfant que Mickaël a vraiment ressenti le besoin d’être aidé. « C’était terrible, je ne pouvais pas rester en présence de mon fils plus de trois minutes. J’avais des pensées intrusives, des phobies d’impulsion, j’avais peur de lui faire du mal. »

Mickaël Bequet sent qu’il a atteint un point de non retour et décide alors d’entamer la thérapie comportementale et cognitive, qui lui a changé la vie. « Aujourd’hui, j’ai la garde alternée de mes deux enfants, tout se passe bien. J’ai encore quelques TOC comme compter quand je m’habille, mais vraiment, ce n’est rien par rapport à avant. Aujourd’hui, j’ai une vie normale. »

 

Il veut aider ceux qui vivent encore l’enfer des TOC

Aujourd’hui, ce papa de deux enfants veut aider les autres, ceux qui vivent encore un enfer avec leurs TOC. Il veut faire évoluer son application en proposant un vrai réseau social entre patients. « L’idée est de partager les exercices, les difficultés, les réussites… C’est très encourageant quand un malade vous dit qu’il a réussi à se laver les mains 28 minutes au lieu de 30. Ce sont des petites victoires que l’on gagne que l’on valorise ensemble pour s’en sortir et ne pas se décourager. »

Il anime aussi un groupe de discussion sur Facebook de personnes atteintes de TOC. « Je veux vraiment montrer qu’il est possible de guérir. J’aimerais vraiment que les autres n’attendent pas 20 ans comme moi pour se prendre en main. C’est encore un vrai tabou la santé mentale en France, alors que ces maladies peuvent arriver à tous et à toutes. Il ne faut plus avoir honte d’aller voir un psy. »