Réussir son lien avec un laboratoire
24 juillet 2023 - Blog
Avant de se lancer
Pour bien démarrer cette aventure il faut avant tout bien cerner ce sur quoi vous aimeriez travailler avec votre partenaire de recherche.
Il est donc nécessaire de bien faire le tour du projet, d’en déterminer ses forces et ses axes d’amélioration. Idéalement, faire un état de l’art des publications* mais aussi des brevets* (50% des nouveautés scientifiques ne se trouve QUE dans les bases brevet). Bien entendu, il ne s’agit pas de se limiter qu’au volet technique car les Sciences Humaines et Sociales peuvent bien souvent apporter de pertinentes solutions surtout avec les thématiques de RSE qui prennent une place de plus en plus importante au sein des projets.
Il faut être précis sur ce que vous voulez développer mais bien garder une ouverture d’esprit sur le « comment » l’atteindre. Un chercheur, c’est libre d’esprit, c’est surprenant, ça regarde le champs des possibles, ça démonte et remonte, ça casse parfois, ça optimise… et c’est pour ça qu’on les apprécie !
* NDLA : un bon état de l’art de base c’est lire les publications scientifiques (à comité de relecture) que vous pouvez trouver sur internet (Elsevier – Sciencedirect, Google scholar, …) accessible chez vous ou à la bibliothèque universitaire de votre ville ainsi que les bases brevets accessibles gratuitement sur espacenet.
La première rencontre : de la tech, de la publi, le tout saupoudré d’étudiants
Vous avez défini une ébauche de plan de R&D sur un recto/verso maximum (plan : description de l’entreprise et de sa proposition de valeur – l’équipe et les ressources internes dédiées au projet – ce qui a déjà été fait – choix des développements à faire court moyen et long terme – votre rêve en terme de produit et/ou service à terme).
En fonction des thématiques que vous souhaitez développer, le ou les chercheurs ont été trouvés par vous-même ou par votre accompagnateur de l’incubateur et vous avez obtenu un rendez-vous.
Parfait, allons-y !
En général, ce rendez-vous est très agréable. En effet, que ce soit de la science « dure » ou « molle », un technicien qui parle a un technicien, l’alchimie fonctionne toujours et des milliers de solutions semblent émerger de cette discussion. Les deux parties en ressortent bien souvent ravies. Vous cherchez une solution et un avantage concurrentiel durable, le chercheur veut en trouver et la publier (publication ou brevet, au choix). Tout le monde est fait pour s’entendre.
Arrive donc fatalement le moment où arrive la question des moyens à consacrer à ce projet commun de R&D. Le lien recherche encouragé par l’incubateur est protéiforme ; il peut aller du stage étudiant de quelques mois permettant un état de l’art précis à une thèse CIFRE, contrat doctoral de 3 ans, en passant par des études de R&D classiques, de la collaboration contractualisée… Il est donc nécessaire à ce moment, avec le chercheur et votre référent à l’incubateur qui en a l’habitude, de bien réfléchir aux différentes étapes de ce plan de R&D pour, en temps voulu, aller y mettre en face les moyens nécessaires.
Step by step donc !
Un fois ceci fait, il faudra donc se revoir, mais cette fois ci, avec le chercheur et son établissement de tutelle.
Concrétiser le lien : des moyens, du temps, du rayonnement
Mais pourquoi donc devoir rencontrer l’établissement puisque vous voyez déjà un de ses représentants en la personne du chercheur ? La réponse est simple : le rôle du chercheur est de faire de la recherche* : il s’attaque aux problèmes théorique et/ou pratique, les modélise et/ou trouve des solutions et/ou y trouve une explication. Ensuite, il cherche à diffuser ses résultats (publication, colloque, poster, brevet,…) afin de les partager et ainsi faire avancer l’ensemble de la connaissance. L’établissement, lui, a pour rôle de valoriser et transférer ces résultats dans le milieu socio-économique. En effet, cette recherche nécessite des moyens et a donc un coût. Il appartient donc à l’établissement d’évaluer ce coût et d’établir sa stratégie de « retour sur investissement » par rapport à cette recherche. C’est donc à lui de s’entendre avec vous pour décider du juste prix et des moyens de rétributions à mettre en œuvre par rapport au projet et ses différentes étapes.
* NDLA : amis chercheur, pardonnez-moi cette vulgarisation du métier, vous avez entre autre bien d’autres rôles qui vous prennent bien du temps comme la formation, gestion des filières, les multiples dossiers pour aller chercher de l’argent pour faire cette recherche, les rapports qui vont avec et bien entendu, les publications, les encadrements de thèses et d’étudiants…
En résumé, voici donc (en gros) ce que chacun souhaite...
- Vous voulez obtenir un avantage concurrentiel durable dans le temps, potentiellement tester votre future collaborateur technique pour l’intégrer à terme, le tout dans une contrainte budgétaire vous permettant d’avancer sur l’ensemble des choses à faire (technique, juridique, marché, RH, financier,…) et de tenir dans le temps.
- Le chercheur souhaite avoir des sujets de recherche intéressants, publier/diffuser ses résultats et caser des étudiants (en stage ou en thèse).
- L’établissement établit sa stratégie de valorisation sur ce travail de recherche et souhaite le transférer dans un partenariat gagnant/gagnant.
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... et les points de vigilance à avoir en tête :
- Le temps : le « temps de la recherche » n’est souvent pas « le temps de la start-up ». Il faut donc bien l’appréhender en avance, bien phaser son projet et idéalement avoir des produits et services intermédiaires qui vous permettront de maintenir la trésorerie à flot (CA, subventions dédiées,…). Ne pas attendre la perfection avant de se confronter au marché, vous le savez… Il faut vendre !
- Le résultat : faire de la R&D c’est parfois arriver à la conclusion que ce n’est pas possible (et de savoir pourquoi ça ne l’est pas). Il faut donc s’attendre à cette éventualité et anticiper des plans B,C,D… Après tout, un contrat de R&D, vous le savez, c’est une obligation de moyens, pas de résultat !
- La confidentialité VS la publication : rien d’insoluble là-dedans mais ayez le en tête : la publication est l’une des activité favorite du chercheur. Il veut publier tout et rapidement et vous souhaitez rester confidentiel tant que la propriété intellectuelle n’est pas bien formalisée et assurée. C’est simple : parlez-en en toute transparence et tout finit toujours par s’arranger !
- Propriété VS exploitation : bien souvent, la propriété des résultats appartient tout ou (majeure) partie à l’établissement. Il faut donc négocier une licence (idéalement exclusive) d’exploitation. Dans la cadre d’une levée de fonds, la solidité de cette licence ainsi que les modalités de rétribution à l’établissement seront évaluées juridiquement et financièrement. Il est aussi (fort) possible que le transfert de propriété de l’établissement à l’entreprise soit voulue dans le cadre de cette levée. Il faut donc bien aborder en amont ces points avec l’établissement et se faire accompagner lors de cette contractualisation.
- L’argent : la recherche a un coût, il est donc normal de rétribuer l’établissement pour cet effort de R&D à sa juste valeur. Vous avez une trésorerie à maintenir pour faire face à toutes les dépenses de votre startup et en assurer le succès. D’ailleurs et bien souvent ces dépenses sont majoritairement autre que de R&D… Parlez-en à l’établissement avec qui vous négociez. L’objectif est d’avoir un partenariat gagnant-gagnant qui s’inscrit dans le temps : il saura donc être compréhensif et trouver, avec vous, un accord permettant de réussir ce lien recherche.
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En conclusion
Ce lien recherche est une réelle opportunité pour une startup. De nombreuses belles histoires de collaborations startup/laboratoire le prouvent. C’est l’essence même d’un incubateur Allègre comme Normandie Incubation dont les Établissements d’Enseignement Supérieurs et de Recherche sont membres fondateurs.
N’hésitez pas à vous appuyer sur nous pour vous accompagner dans toutes les étapes cette belle aventure partenariale !