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Les Toc, ces troubles obsessionnels invivables

08 janvier 2020 - Nos startups

Article Ouest-France : « Les Toc, ces troubles obsessionnels invivables »

 

1,5 million de Français seraient touchés par les troubles obsessionnels et compulsifs. Souvent gardés sous silence, handicapants, ils sont sous-diagnostiqués, alors qu’ils peuvent être traités.

Vérifier trente fois si le gaz ou le fer à repasser sont bien éteints, se laver les mains pendant une heure, ne pas pouvoir marcher sur les fentes situées entre les pavés, comme le personnage interprété par Jack Nicholson dans Pour le pire et pour le meilleur.

Voici quelques exemples de troubles obsessionnels et compulsifs (Toc). 2 % à 3 % de la population française en souffre, soit 1,5 million de personnes, dont 3,6 % des adolescents, selon l’Aftoc (Association française des personnes souffrant de troubles obsessionnels et compulsifs). L’âge de début est précoce : deux cas sur trois débutent avant l’âge de 25 ans.

 

Thérapie cognitivo-comportementale

Ces troubles peuvent handicaper sérieusement les personnes atteintes, souvent pendant de longues années. C’était le cas de Mickael Bequet, entrepreneur rouennais de 37 ans, dont vingt ans de Toc. « C’en était arrivé à un point où je ne pouvais pas manger n’importe où, où un trajet fait normalement en quinze minutes m’en prenait quarante-cinq, je m’obligeais à faire des détours… »

« Les Toc sont une pathologie importante, invalidante, et très sous-diagnostiquée« , pose Marina Drique-Boucher, psychothérapeute à Bois-Guillaume, près de Rouen. Pour Aude, 34 ans, il a fallu plus de dix ans pour que son problème soit identifié, vingt pour que sa vie s’améliore.

« Cela a commencé quand j’étais enfant. Je me relevais des dizaines de fois pour aller aux toilettes, le soir avant de m’endormir. Puis, quand j’ai été jeune adulte, cela a explosé : je vérifiais tout, du gaz jusqu’à la porte en passant par l’alignement des chaussures. Tous les soirs, pendant des heures, et ce pendant plusieurs mois. J’avais l’impression de devenir folle, mais je ne pouvais pas m’en empêcher. »

Il y a un an, grâce à la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), Mickael Bequet a enfin vu son horizon s’éclaircir. « J’ai supprimé 70 % des Toc. » La TCC (la thérapie avec un taux de guérison, terme employé quand 80 % des Toc disparaissent, le plus élevé) repose sur l’échange avec un thérapeute et sur des exercices à faire par le patient, dits d’ »exposition ».

Il s’agit de se confronter à une angoisse en particulier, et de s’entraîner graduellement à la maîtriser. « Avec un traitement anti-dépresseur quand les Toc sont importants, pour apaiser l’angoisse, la TCC aide à gérer le trouble. Les deux se complètent très bien », situe Marina Drique-Boucher. Pour Aude, c’est un traitement médicamenteux qui l’a aidée à retrouver une certaine sérénité.

Une appli mobile pour se soigner

L’idée d’une application mobile est venue à Mickael Bequet il y a deux ans. Le principe, basé sur la TCC : « On saisit un Toc à combattre, comme fermer la porte par exemple, avec un objectif de temps. On ajoute le degré d’angoisse que ça génère. Un chronomètre se lance et quand on a réussi, on évalue l’angoisse et on met un commentaire. Les données sont transmises au thérapeute partenaire, qui peut à son tour envoyer un message et un autre exercice à faire pour le lendemain. »

Il insiste : la mise en route de l’application doit être faite obligatoirement en lien avec un professionnel. Ce n’est pas un dispositif médical, mais « un carnet de bord virtuel, en complément d’une thérapie. Le psy peut voir les progrès et adapter les soins en fonction« . Autre avantage : « Quand on est seul face à ses Toc, c’est difficile de s’exposer parce que c’est angoissant. On est dans l’évitement. »

Le développement de appToc a été réalisé en lien avec la thérapeute TCC, Marina Drique-Boucher, son associée. « L’application va aider les patients à se sentir soutenus et reconnus dans leur pathologie, qui est tellement spécifique qu’elle isole. Elle permet un suivi régulier, avec des objectifs de travail définis de façon personnelle. »

À terme, Mickael Bequet aimerait proposer des téléconsultations et des groupes de parole, pour briser la honte qui entoure ce genre de troubles. Dans un premier temps, appToc sera gratuite, mais cela pourrait évoluer : « Nous avons un modèle financier à trouver. »

 

Article Ouest-France : www.ouest-france.fr

Site internet Apptoc : apptoc.fr