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Une information médicale au plus près des parcours patients

13 octobre 2023 - Nos startups

Source : pharmaceutiques.com

De nouveaux outils numériques apparaissent comme vecteur de renouveau des pratiques, pour les professionnels de santé et les laboratoires dans leurs communications. La troisième table-ronde de PharmaHealthTech* revient sur une information médicale en transformation, au plus près des patients.

Le Pr Rémi Sabatier, médecin cardiologue au CHU de Caen et vice-président à la publication scientifique de l’INeS (Institut national de la e-santé), se fait le témoin de la masse d’informations qui lui arrive quotidiennement via sa messagerie électronique. C’est de ce constat qu’est né Klodios, une plateforme d’intelligence collective qui grâce à son IA regroupe en un seul lieu l’actualité, les connaissances vérifiées en santé d’une manière simple, rapide et sécurisée. « Nous avons la conviction que tous les professionnels de santé – autorités de santé, industriels, associations – méritent un espace pour partager de l’information », indique Nicolas Vivet, son co-fondateur. Nicolas Naïditch, responsable des projets chez MoiPatient, considère que l’information des patients passe d’abord par les professionnels de santé. « Or, si la formation initiale des médecins est très bonne, la question de la formation continue se pose. Comment les médecins peuvent-ils se tenir à jour des dernières recommandations de la HAS ? Et comment peuvent-ils les appliquer sans la confiance des patients ? », interroge-t-il.

Redonner du pouvoir aux patients

Nicolas Naïditch indique que « trop peu de patients s’informent. Cela est directement lié au gradient social. » Cela devrait évoluer, avec une information validée, et des nouveaux outils digitaux. Pour Denis Lefèbvre, directeur général de l’agence M-EDEN (groupe Vidal), « éclairer le patient sur ses décisions thérapeutiques, c’est un défi important ! Ainsi, traduire le Résumé des Caractéristiques du Produit (RCP) dans des mots accessibles, et apporter les informations par différentes applis, instaure un relais de confiance du professionnel de santé vers le patient », indique-t-il, citant l’appli Vidal ma santé. Nicolas Vivet, ancien délégué médical, précise ainsi que si Klodios est d’abord destiné aux professionnels, l’appli sera dans un deuxième temps déclinée dans une version dédiée aux patients. Les systèmes de télésurveillance redonnent également du pouvoir aux patients pour gérer leur maladie. Mais, « à ce jour, seul un tiers des patients répondent à une prise en charge par des systèmes de télésurveillance pour éviter des décompensations, sources d’hospitalisations voire de décès, constate Rémi Sabatier. Le numérique seul ne suffit pas ; les infirmières sont indispensables pour créer du lien et permettre l’adhésion à ces solutions de télésurveillance ».

Une visite médicale reconfigurée

Denis Lefèbvre mise sur une communication omnicanale, numérique puisque précipitée avec la rupture d’accès pendant la crise du Covid-19 mais aussi présentielle. « L’enjeu pour les laboratoires est de mettre en place des stratégies de communications digitales et dynamiques, permettent d’attirer mais aussi de fidéliser », estime-t-il. C’est ce que confirme Arnaud Depil-Duval, médecin adjoint et directeur du Digital Medical Hub, société d’accompagnement au développement et d’évaluation des outils numériques en santé. Il indique en conclusion du colloque que le mode hybride doit prépondérer : « Il permet à la fois une meilleure information et une meilleure qualité de vie au travail. » Intégrer un symposium sponsorisé par un laboratoire au sein d’un congrès scientifique est « un facilitateur d’accès à l’information ». La reconfiguration de la visite médicale est un véritable défi pour l’industrie. Malgré des effectifs divisés par deux, « de 23 000 en 2005 à 11 000 en 2022 », chiffre Pierre-Yves Deydier, président du Comité directeur d’Infostat, et une présence sur le terrain réduite par quatre, « de 11 millions de visites chez les MG en 2005 à 2,7 millions en 2022 », le délégué médical doit apporter une information toujours plus personnalisée sur ses produits de médecine de plus en plus spécialisés et complexes. « La vraie problématique n’est plus de s’imposer le plus possible dans les cabinets face aux concurrents, décrit-il, mais de s’inclure dans l’agenda des professionnels de santé, de moins en moins nombreux, soumis à des charges administratives plus lourdes et de plus en plus méfiants envers les laboratoires ». Le visiteur médical est passé du tout quantitatif à plus de qualitatif avec l’objectif de susciter l’intérêt du médecin et d’inclure davantage de services. « Pour donner l’information pertinente au bon moment, le délégué médical doit connaître son écosystème », conclut Rémi Sabatier.